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INSTRUMENT ET MUSICIEN

LES PERCUSSIONS BERGERAULT, DES INSTRUMENTS QUI ENRICHISSENT L'HISTOIRE DE LA MUSIQUE

Si je vous dis xylophone, marimba ou glockenspiel, il y a de grandes chances pour que vous me répondiez : « Ce sont des instruments de musique. » Oui ! Plus exactement des percussions. En France, leur évocation nous renvoie immédiatement à un fabricant qui s'est taillé une solide réputation dans ce domaine : l'entreprise Bergerault.


UN CERTAIN ALBERT BERGERAULT

Voilà près de 90 ans que les instruments Bergerault sont devenus une marque, une référence. Au départ de l’histoire, un homme : Albert Bergerault. Issu d’une famille de charron, il était destiné à le devenir en suivant les traces de son père, mais le fils était bien décidé à suivre « une autre route que », à cause de sa passion débordante envers la musique. Et si le violon retient toute son attention pour l'avoir pratiqué durant quelques années, Albert Bergerault demeurera toute sa vie un musicien autodidacte, passionné et doté d'un brillant esprit créatif.

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© Bergerault facebook – Albert Bergerault jouant en même temps de l'accordéon et d'une batterie de son invention.

L'histoire est en marche. Son amour pour la musique l'incite à prendre de la distance avec la profession artisanale du père, et c'est armé de son instrument à cordes qu'il prend part aux fêtes de village. Appelé sous les drapeaux pour faire son service militaire à Paris, c'est durant ses classes qu'il découvre l'accordéon et qu'il conçoit un dispositif ingénieux qui le transforme en homme-orchestre. Cette invention qu'il baptise « jazz band automatique » lui permettra de jouer avec astuce de diverses percussions avec ses pieds. Son idée trônera à la foire de Paris de 1927 et se présentera sous la forme d'une batterie placée à la verticale avec grosse caisse, caisse claire et cymbales. Albert Bergerault venait d'inventer les prémices de l'homme orchestre.

Si au départ l'idée de Bergerault est de s'orienter dans la construction de tambours et de caisses claires pour les fanfares, l'entreprise qu'il crée en 1932 dans son village natal de Ligueil (près de Loches, en Touraine), va se concentrer dans la fabrication de xylophones jusqu'à se métamorphoser en premier fabricant français.

À son retour de captivité, en 1942, le facteur d'instruments redémarre ses activités de constructeur et d’inventeur. Pour autant, Albert Bergerault n'abandonne pas le bal, passant avec dextérité des cordes du violon aux boutons de l'accordéon. Même la scie musicale bénéficiera de ses faveurs ! L'histoire le précède également, comme ce jour où il se produit au xylophone, à Paris, salle Wagram, dans le spectacle d'une jeune chanteuse devenue célèbre, Line Renaud.

Partagé entre la scène et son désir d'expansion, Albert Bergerault n'a pourtant qu'une idée en tête : élargir sa gamme d'instruments pour inclure d'autres percussions orchestrales, tels que les marimbas, les cloches, les glockenspiels. Dans les années cinquante, la fabrique, qui a déjà acquis une solide réputation en termes de qualité et d'innovation, est dans l'oblogation de passer à la vitesse supérieure...


VIRAGE ET PASSAGE DE FLAMBEAU

Dans les années 1970, grâce à leur apparition dans plusieurs émissions de télévision, les instruments Bergerault bénéficient d’une grande notoriété. C'est à cette époque que le gendre d’Albert Bergerault, Gilbert Fergeau, prend la tête de l’Entreprise dont la fierté sera d'exporter près de 50 % de sa production. L’atelier de fabrication d’instruments à percussion se diversifie et compte alors une vingtaine d'employés.

© bergerault.com – Deux exemples d'instruments en vente : à gauche un vibraphone, modèle Universal, à droite un jeu de cloches tubulaires.

Se répendant dans les écoles de musique et les conservatoires, Gilbert Fergeau élabore, avec l'aide de Sylvia Perry et de son mari (1), une nouvelle gamme de percussions destinée à être employée par l'éducation musicale et mettant en pratique la « méthode ORFF ». Par ailleurs, la société élabore des instruments uniques à la demande de grands compositeurs contemporains (Xénakis, Karol Szymanowski, Sylvio Gualda, les Percussions de Strasbourg...), comme le marimba de basse à cinq octaves, le vibraphone-bass marimba, le sixxen ou un glockenspiel avec mécanisme amortisseur et résonateur.

1. Enseignants, Mack et Sylvia Perry se sont associés en 1945 pour fonder "Peripole, Inc." dans l'intention d'innover et de fabriquer des instruments pour le développement de l'éducation musicale, de la maternelle jusqu'à la huitième année scolaire. L'utilisation de la méthode pédagogie « ORFF » viendra soutenir leur exploration en procédant par l'expérimentation des éléments familiers de la musique : la pulsation, la métrique, le tempo et le rythme, pour ensuite, à travers l'expérience, élever ces éléments à des niveaux plus élaborés.


J.S.BACH : "ANDANTE DE LA 4e SONATE" (Vibraphone Bergerault, modèle BV30)
(transcription pour vibraphone et piano par Francesca Santangelo – Alexey Chizhik, vibraphone).

LES TENTATIONS ASSUMÉES

Depuis sa création, la société Bergerault est constamment restée une entreprise familiale avec plusieurs générations qui se sont succédées, et c'est dans cette continuation, qu'à partir de 2002, les petits-fils d’Albert Bergerault, Alexandre Fergeau, Mathieu Fergeau et David Alaime, ont pris la relève de Gilbert Fergeau. Cette troisième génération de Bergerault, toujours fidèlement implantée à Ligueil, respecte le credo hérité par le grand-père fondateur : innovation et exigence.

Leur engagement envers la qualité et la créativité a permis à "Bergerault France-USA" de devenir l'un des fabricants d'instruments de musique les plus respectés au monde. La société maîtrise diverses compétences techniques, allant du bois, au métal jusqu'aux matériaux composites, sans oublier l'indissociable acoustique musicale nécessaire à l'élaboration sonore des percussions. Reconnues pour leur qualité sonore exceptionnelle, leur ergonomie et leur durabilité, les percussions Bergerault ont enthousiasmé des générations de musiciens.

Actuellement, l'essor de l'entreprise se poursuit sans relâche, et si une première gamme de timbales est créée en 2010, la fabrique a conservé ses chaînes de montage en Touraine, agrandissant ses locaux près de Loches et ouvrant une nouvelle ligne de production de cymbales à Esvres. La présence de la marque Bergerault parmi les orchestres symphoniques les plus prestigieux du monde et auprès des artistes et des compositeurs est un signe qui ne trompe pas, au point que le gouvernement français décernera à la société le titre d’ « Entreprise du Patrimoine Vivant ».


LE GRAND "ENSEMBLE INSTRUMENTAL BERGERAULT"

Inventeur dans l’âme, Albert Bergerault n’a jamais cessé d’innover durant toute sa vie. Grâce aux progrès de l'électrotechnique et après plusieurs années de recherche, il parvient à mettre au point une invention prodigieuse et unique au monde : le grand "Ensemble instrumental Bergerault" ; pas précisément un instrument comme on l'entend, puisque cette idée délirante réunit une trentaine d’instruments reliés et commandés par un seul homme jouant de l'accordéon.

Reprenant l'esprit de la première batterie automatique de son invention, avec beaucoup d'imagination, on peut y voir l'ancêtre du synthétiseur, puisque cet étonnant assemblage orchestral réunit entre autres plusieurs violons, un orgue, un trombone, un tubaphone et un vibraphone. Seul Jean, le fils d'Albert Bergerault, savait le faire fonctionner convenablement. Encore aujourd'hui, l'étrange "Ensemble instrumental" suscite généralement de la curiosité chez les visiteurs. On peut découvrir ce "grain de folie" sur rendez-vous dans la salle Albert-Bergerault où il est installé.

UNE PRÉSENCE INDISCUTABLE PARMI LES MUSICIENS

Comme par le passé, les divers instruments fabriqués par "Bergerault France-USA" se retrouvent entre les mains des meilleurs musiciens professionnels, classiques et de jazz, dynamisant le son des orchestres, des ensembles de percussion et rayonnant dans les établissements de musique à travers la planète. La liste des utilisateurs est impressionnante. Signalons, tout comme l'orchestre de Radio France, les orchestres symphoniques de Boston et de Londres, le philharmonique de Berlin, le théâtre du Bolchoï ou l’opéra de Sydney. D'autres part, les instruments Bergerault sont joués par des artistes de premier plan lors de grands événements. Les « Victoires de la Musique Classique », par exemple. Citons la jeune marimbiste Adélaïde Ferrière en 2017, le Quatuor Beat en 2019 et Aurélien Gignoux en 2022, qui devait remporter le prix dans la catégorie « soliste instrumental » en jouant sur un marimba Bergerault.

Par D. Lugert (Cadence Info - 05/2024)

Visiter le site officiel des instruments Bergerault

En savoir + : L'histoire des instruments Bergerault (fichier PDF)


À CONSULTER

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