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INSTRUMENTS ET MUSICIENS

THE ELECTRONIC CONCEPT ORCHESTRA, DU LOUNGE ÉLECTRONIQUE

À la fin des années 60, la musique électronique connaissait ses premières incursions dans le domaine de la pop et du rock. En trois albums au caractère "lounge", l'Electronic Concept Orchestra, fondé par le représentant des maisons de disques A&R chez Mercury Records, Robin McBride assisté du pianiste Eddie Higgins, choisissait de mettre en valeur les premiers synthétiseurs analogiques Moog...


L'ARRIVÉE DES SONS ÉLECTRONIQUES DANS LA POP

Jusqu'à la fin des années 60, le producteur Robin McBride estimait, que côté son, rien de vraiment nouveau n'avait été découvert dans le monde de la musique pop, excepté peut-être certains effets électroniques comme le "wah-wah" ou le phaser... Or, contre toute attente, le monde musical bascula en une seule année, quand, après plus de quinze ans de développement et d'expérimentation, principalement de manière abstraite, la musique électronique venait d'être appliquée à des chansons jusqu'à les transformer en profondeur.

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Bien entendu, ce développement catalyseur ne s'est pas produit automatiquement. Ce n'est qu'au cours des années 1960 qu'apparurent des instruments de musique électronique suffisamment compacts pour être utilisés dans les studios d'enregistrement. Parmi les disponibles, il existait le Moog modulaire. Ce synthétiseur analogique est parfaitement reconnaissable en arrière-plan de la pochette du premier album enregistré par The Electronic Orchestra, Moog Groove (1969).


MOOG GROOVE

© Mercury

Ce disque, qui ne reprend pratiquement que des tubes (Aquarius, Oh Happy Day, Hey Jude, Penny Lane...), intègre les sonorités électroniques du Moog en donnant la priorité aux mélodies, pour l'essentiel. Développé par Robert Moog, il est cependant indispensable de préciser que le fameux synthé modulaire était déjà utilisé depuis un certain temps pour produire des effets sur les disques de rock. Or, dans l'album Moog Groove, le traitement réservé à l'instrument est nettement différent en offrant une polyvalence sonore étonnante dans un registre qui se veut prioritairement commercial.

En produisant électroniquement des sons avec une variété infinie de fréquences, le "Moog", grâce à l'apparition récente des techniques de l'enregistrement multipiste, pouvait engendrer toute une gamme de couleurs musicales entièrement nouvelles. L'Electronic Concept Orchestra avait été formé dans cette intention pour produire une approche musicale de la musique pop et rock aussi fraîche que les efforts de Walter Carlos dans le domaine classique avec Switched On Bach, reconduits plus tard à travers Orange Mécanique.

Bien que de nombreux effets « espacés » puissent être créés aisément avec de la musique électronique, l'Electronic Concept Orchestra avait consenti un effort pour que de la mélodie naissent de « bonnes vibrations » tout en laissant la rythmique à une classique section d'instruments acoustiques. À cette fin, le travail conduit par Eddie Higgins en tant qu'interprète et arrangeur a été capital et essentiel. Connu en tant que pianiste de jazz, Higgins était entré dans le monde de la musique avec ce sentiment profond qu'il y avait place pour que naisse une réelle fusion entre la musique pop et l'électronique.

Avec le recul, ce premier échantillon sonore courant sur plus de 30 minutes est une véritable curiosité, ne souffrant d'aucun reproche si ce n'est son manque d'audace.


CINEMOOG ET ELECTRIC LOVE

© Mercury

Electronic Concept Orchestra produira la même année que Moog Groove, un disque consacré exclusivement à de la musique de films, Cinemoog. À cette occasion, le second album proposé par Robin McBride et Ed Higgins tentera l'impossible en faisant cohabiter la "froideur" des premiers synthétiseurs Moog avec la chaleur romantique des sons d'un orchestre à cordes. Quant au troisième et dernier disque proposé par Robin McBride et Ed Higgins, Electric Love (1970), celui-ci reconduira l'exercice avec cette même intention de faire cohabiter harmonieusement sons électronique et acoustique.

Est-il nécessaire de préciser, de surcroît, que le tout électronique était encore trop audacieux pour l'époque dans les circuits commerciaux pour s'imposer réellement sans craindre le flop. Reste que si d'autres LP similaires pouvaient s'attaquer à d'immenses succès de l'époque tels que The Look of Love et Love is Blue, la formule enchanteresse d'Electronic Concept Orchestra avait su ouvrir une parenthèse effrontée quand, pour de nombreuses personnes, le synthétiseur demeurait un gadget qui n'avait pas encore fait ses preuves. Certes, avec une telle musique, et même si des reprises comme Misty ou Stella by Starlight sont parfaitement réussis, la quintessence du style d'Electronic Concept Orchestra est plus proche de Barbarella que de 2001, l'Odyssée de l'espace et de Francis Lai que de Jean-Jacques Perrey. Du reste, il en faut pour tous les goûts, n'est-ce-pas ? Et puis, Electronic Concept Orchestra nous offre une musique taillée pour se détendre... Par conséquent, détendons-nous !

Par Elian Jougla (Cadence Info - 02/2024)


THE ELECTRONIC CONCEPT ORCHESTRA :" COMPILATION NON-STOP DES TROIS ALBUMS"

Successivement :

  • Midnight Cowboy
  • Maybe Tomorrow (03:52)
  • Justine (06:26)
  • What are you doing the rest of your life (09:20)
  • The Girl Ive never met (11:27)
  • Going out of my Head (14:15)
  • The look of Love (18:13)
  • Je t'aime moi non plus (20:35)
  • Misty (22:35)
  • Romeo and Juliet (25:52)
  • Like a Lover (28:35)
  • Wichita Lineman (31:41)
  • I'm gonna make you love me (34:51)
  • Stella by Starlight (37:36)
  • Love is Blue (41:10)
  • This guys in love with You (44:23)
  • Aquarius (49:06)
  • Grazing in the Grass (52:10)
  • Feelin Allright (54:38)
  • Rock Me (58:03)
  • Atlantis (01:02:02)

À PROPOS DE ROBIN McBRIDE

Robin McBride a contribué à la vulgarisation de la musique électronique dans l'intention de sensibiliser et d'attirer un large public. Après avoir été membre de longue date d'A&R chez Mercury Records de 1968 à 1979, incluant les postes de vice-président de Midwest A&R et de vice-président d'International A&R basé à Chicago, McBride décida de travailler en indépendant comme producteur et manager.

Pour mémoire, McBride est l'homme qui a révélé Fifty Foot Hose, un groupe qui connaîtra un certain succès en pleine période pop, ne signant qu'un seul album, Cauldron (1968), mais un album qui sera reconnu des années plus tard comme ayant été précurseur du rock électronique expérimental (Cauldron sera réédité en 1994 au format CD). McBride travailla par ailleurs dans de nombreux genres, notamment le blues, la soul, le rock, la pop jusqu'à la new wave.


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